Les normes des équipements de moto
Autant j’ai souvent entendu des motards parler des détails techniques concernant leur moto, autant je n’en ai jamais entendu parler avec autant d’enthousiasme de l’équipement qui protégera leur peau en cas de chute et d’accident. Pourtant ces morceaux de textile ou de cuir sont aussi techniques que les pièces mécaniques qui s’agitent au fond d’un moteur et répondent à des normes précises.
Une norme par équipement, ou presque, cela peut sembler complexe. Nous allons voir cela en détails. Vous pouvez sauvegarder cet article et vous y référer avant tout achat.
Au delà des normes : comment choisir ses équipements, deux articles sont consacrés à cette question : casque, veste, gants et pantalons, bottes.
Le casque : norme 22-06
La norme des casques a changé au 1er juillet 2022. La norme précédente 22-05 était en application depuis 2002, les technologies ayant évoluées en 20 ans il était logique que la protection évolue. En effet la norme 22.06 est plus contraignante.
Alors, si vous possédez un casque récent certifié selon la norme 22-05 devez-vous le changer immédiatement ? en un mot : non. Pour toute évolution de norme, le changement est progressif et l’utilisateur peut continuer à utiliser un casque à l’ancienne norme pendant des années. Les obligations concernent essentiellement les fabricants et distributeurs : les premiers peuvent produire des casques répondant à la norme 22.05 jusqu’au 30 juin 2023, les seconds pouvant les vendre avec une date limite de vente fixée par chaque pays à partir du 1er janvier 2024.
Des tests plus complets
Jusqu’à présent 6 points d’impact étaient testés sur le casque, avec 3 angles « d’attaque » et un choc avec une vitesse de 7.5m/s. Désormais les chocs sont testés avec 3 vitesses (7.5m/s 6m/s et 8.2m/s) et 12 nouveaux points d’impacts sont testés pour être plus complet possible en fonction des risques d’impact au sol et des conséquences sur les cervicales.
Les casques modulables sont testés mentonnière fermée et ouverte et des tests complémentaires sont effectuées sur la mentonnière et son basculement.
La visière voit aussi ses tests être complétés par des tests d’impact à haute vitesse et sa capacité à empêcher la formation de buée. La visière solaire et le film antibuée disposent de tests spécifiques.
Les casques pré-équipés pour un système audio doivent être testés avec et sans l’intercom.
Une étiquette normée
Comme tout équipement certifié, le casque doit posséder une étiquette sur la jugulaire dont la rédaction est normée. Voici les éléments qui la composent
E = norme européenne, suivi d’un chiffre qui indique le pays d’homologation d’origine (2 pour la France)
Vient ensuite un code qui doit commencer par 06 (pour norme 22-06) ou 05 puis le numéro d’homologation (généralement 4 chiffres).
Une ou plusieurs lettres P-P/J-J-NP pour le type de casque : intégral – modulable – jets – casque avec mentonnière non protectrice.
Pour finir le numéro de suivi de la production – une question de traçabilité.
Couper l’étiquette revient à enlever l’homologation du casque, notamment en cas de contrôle par les forces de l’ordre.
L’article suivant vous donne plus de détails : http://www.lerepairedesmotards.com/dossiers/norme-homologation-casque-moto-ece-22-06.php
Lorsque vous portez le casque n’oubliez pas les stickers réfléchissants, ils sont obligatoires en France. Leur taille et leur position sont aussi normés. La surface de chaque élément doit être de 18cm² minimum et ils doivent être positionné sur chaque face du casque : devant/ derrière et de chaque côté.
Les gants : norme 13594
La norme 13594 a été modifiée en 2016, la précédente version datant de 2003. Les gants sont obligatoires à moto depuis septembre 2016 et l’arrêté qui promulgue l’application stipule que « les gants mentionnés à l'article R431-1-2 du code de la route doivent respecter les caractéristiques des gants pour motocyclistes, conformes à la réglementation relative aux équipements de protection individuelle, attestées par le marquage CE. » Le marquage CE et le picto moto prouvent que les gants ont passé tous les tests de certification dans un laboratoire agréé.
La norme 13594 divise les gants en trois niveaux de protection, niveau 1, niveau 1KP et niveau 2. Pour ces trois niveaux d’exigence, des tests sont effectués sur la résistance à l’abrasion, la résistance des coutures, le déchirement du dos et de la paume du gant, la résistance du système de maintien, ainsi que l’ergonomie. L’étiquette mentionne le niveau de protection sous le pictogramme moto.
Voici les exigences des niveaux de protection :
|
Niveau 1 |
Niveau 1KP |
Niveau 2 |
Résistance à l’abrasion |
> 4 secondes |
> 4 secondes |
> 8 secondes |
Résistance des coutures |
> 6N/mm |
> 6N/mm |
> 10N/mm |
Longueur de la manchette |
> 15 mm |
> 15 mm |
> 50 mm |
Coque de protection des métacarpes (=Knuckle Protection) |
non |
oui |
Oui avec une résistance supérieure au niveau 1KP |
Les bottes – norme 13634
Les bottes ne sont pas obligatoires pour rouler à moto, de ce fait leur certification est volontaire, mais il est fortement conseillé de rouler avec des chaussures qui protégeront nos pieds et chevilles. Au-delà des chocs et traumatismes, le courant d’air froid ou la guêpe qui s’incruste sur notre cheville peut gâcher un voyage. Et bien entendu ce n’est pas parce qu’une chaussure a un look moto qu’elle a passé tous les tests, encore une fois, l’étiquette est votre guide ! Il s’agit toujours d’avoir le logo CE et le pictogramme moto sur l’étiquette.
Afin de protéger les pieds mais aussi la cheville, une chaussure de moto certifiée doit avoir une tige haute de minimum 16,2 cm de hauteur de tige (pour les pointures inférieures au 36) ou de minimum 19,2cm (pour les pointures supérieures au 45). La tige d’une chaussure, comment cela se calcule ? C’est la hauteur de la chaussure à l’arrière du pied depuis le haut du talon de la chaussure jusqu’en haut de la chaussure, ou de la botte.
Si la bottine convoitée respecte cette hauteur minimale alors elle peut passer les tests de résistance à l’abrasion, la coupure, la rigidité transversale, noté aussi 1 ou 2; 2 étant le meilleur niveau de résistance. Ces notes se retrouvant sous le picto moto, dans cet ordre. Par exemple, une étiquette indiquant 2 2 2 2 signifie que la tige est haute, la botte a atteint le niveau 2 pour le test d'abrasion, et le niveau 2 pour les tests de perforation et de rigidité latérale.
Des critères complémentaires facultatifs peuvent apparaitre sur l’étiquette : si la chaussure dispose de protecteur de chocs aux chevilles : IPE, de protection contre les chocs au tibia : IPS, si elle est résistante à l’eau : WR, ou aux hydrocarbures : FO.
La norme concernant les bottes de moto a été revue en 2017.
Les vestes, pantalons et combinaisons – norme 17092
Deux changements ont eu lieu concernant les équipements de protection individuels veste, pantalon ou combinaison : depuis avril 2018, la directive européenne 89/686/EEC sur les équipements de protection individuelle (EPI) a été remplacée par la directive 2016/425. Le changement le plus important concerne la certification requise pour les nouveaux blousons, vestes et pantalons mis sur le marché. Désormais, ces articles doivent répondre à la norme de certification EN 17092. La norme 17092 a été officialisée en juillet 2020, certains EPI, par exemple la veste Bonnette, ont pu être certifiés selon le projet de norme quelques mois avant son officialisation, cela apparait sur l’étiquette sous la forme prEN 17092.
Il existe 5 niveaux de vêtements normés : AAA, AA, A, B à C. Les niveaux AAA à A résistent à l’abrasion et comportent des protections contre les chocs, le niveau B assure le même niveau de protection contre l’abrasion que A mais ne contient pas de protection contre les chocs, le niveau C a des protecteurs mais ne résiste pas à l’abrasion.
Le pictogramme moto avec le niveau obtenu par le vêtement et la référence de la norme
Une norme globale
La norme 17092 est une norme globale sur l’équipement. Elle certifie que le produit ne contient aucune substance nocive pour l’utilisateur et le niveau obtenu indique que le produit a eu au minimum cette note à tous les tests. Tests qui portent sur la résistance à l’abrasion, la coupure, la résistance à l’éclatement des coutures et des fermetures, l’ergonomie du vêtement et le bon positionnement des protections. Les tests sont réalisés après 5 lavages selon les recommandations fabriquant. Le produit ne doit pas rétrécir ou s’agrandir lors de ces lavages.
Le corps est divisé en 3 zones en fonction du risque d’impact lors d’une chute. Les résistances demandées sont différentes en fonction de la probabilité de risque. La zone 1 correspond au plus fort risque : il s’agit des zones des protecteurs de choc, en zone 2 le risque est moins élevé : dos, fesses, arrière des bras, avant des jambes, en zone 3 le risque est faible : arrière des jambes, ventre.
Les tests de résistance à l’abrasion sont réalisés grâce à une machine qui projette les échantillons en rotation, à une vitesse donnée, sur un béton dont la granulométrie est précise. Lorsque les échantillons s’arrêtent, aucun ne doit comporter de trou supérieur à 5mm pour que le test soit positif.
Niveau |
Zone |
Résistance à l'abrasion |
Résistance au déchirement |
Résistance à l'éclatement |
AAA |
1 |
120 km/h |
≥ 50 N |
≥ 12 N/mm |
2 |
75 km/h |
≥ 50 N |
≥ 12 N/mm |
|
3 |
45 km/h |
≥ 35 N |
≥ 8 N/mm |
|
AA |
1 |
70 km/h |
≥ 40 N |
≥ 8 N/mm |
2 |
45 km/h |
≥ 40 N |
≥ 8 N/mm |
|
3 |
25 km/h |
≥ 30 N |
≥ 6 N/mm |
|
A |
1 |
45 km/h |
≥ 35 N |
≥ 6 N/mm |
2 |
25 km/h |
≥ 25 N |
≥ 6 N/mm |
|
3 |
- |
≥ 25 N |
≥ 4 N/mm |
La résistance au déchirement de l’Armalith des jeans 2MileSix a été testé à 240N dans le sens de la trame et 130N dans le sens de la chaine du textile, soit 5 fois et 3 fois plus résistant que la norme AAA.
Les protections pour épaules, coudes, genoux, hanches, les dorsales et les protections thoraciques : famille de norme EN 1621
Nous avons publié un article dédié à ces petits morceaux de plastiques qui nous protègent : ici
Les airbags : EN 1621-4
La norme la plus récente de la série EN1621 concerne les protections gonflables, plus communément appelées airbags. Les modèles mécaniques (à câble) et électroniques (sans câble) sont évalués en fonction de leur capacité à absorber l'énergie d'un impact une fois qu'ils sont gonflés. Le temps de détection ou de gonflage n'est pas pris en compte dans cette norme pour la classification. Cependant, le temps de détection doit être inférieur à 200 ms, ce qui peut sembler élevé étant donné qu'en cas de choc à 50 km/h, le corps heurte l'obstacle 100 ms plus tard. L'airbag est donc testé de la même manière qu'une dorsale (comme mentionné précédemment), mais les critères sont différents. Il est important de noter que contrairement aux dorsales, l'airbag a une capacité d'absorption élevée lors d'un choc en surface (lorsqu'on heurte un véhicule ou le sol), ce qui en fait son point fort, notamment pour protéger la cage thoracique et les organes abdominaux.
Niveau de certification |
Énergie résiduelle moyenne |
Pic maximal accepté |
Niveau 1 |
≤ 4,5 kN |
≤ 6 kN |
Niveau 2 |
≤ 2,5 kN |
≤ 3 kN |
En résumé :
Seuls le casque et les gants ont l'obligation d'être certifiés, dans un même rayon vous pouvez trouver des vêtements certifiés et d'autres non. Les étiquettes sont vos meilleurs alliées pour le savoir.
Pour être sûr qu'un équipement - sauf le casque - soit certifié moto, il faut que l'étiquette attachée au produit comporte le logo CE ET le picto moto avec la référence de la norme et la date de la norme ainsi que le(s) niveau(x) obtenu aux tests. L'étiquette pour les casques est différente et doit comporter la lettre E suivie d'un chiffre puis un code commençant par 05 ou 06.
Pour les normes qui comportent un niveau chiffré, le niveau 2 est le plus élevé. L'échelle de valeur dépend de la norme.
Le sujet des normes des vêtements de moto est complexe et peut sembler ardu mais il s’agit avant tout de notre sécurité. Un examen attentif des étiquettes permet souvent de dissiper des doutes.
N’hésitez pas à sauvegarder cet article pour y revenir lorsque vous envisagerez l’achat d’un équipement moto et posez vos questions en commentaire.